Assises nationales des associations d'aide aux victimes de l'INAVEM : Edition 2010 sur les "politiques territoriales d'aide aux victimes : enjeux et stratégie"
En 2010, c'est l'AIV de Grenoble qui a relevé le défi, sous l'égide de l'INAVEM. Et comme depuis plusieurs années déjà, Jo Laengy, ancien journaliste aux DNA et rédacteur du JAC, journal des accidents collectifs, nous fait le plaisir de rendre compte de nos Assises grâce à sa prose efficace et à ses photos. Merci Jo !
Matinée jeudi 17/06/2010 : édiles locaux, M Justice, Philippe de Lagune, Laurent Bègue, Eric Lenoir
Après-midi jeudi 17/06/2010 : trois cercles de discussion...
Les politiques territoriales d'aide aux victimes" sur le gril...
Pour la 25ème fois, les représentants des 150 associations d'aide aux victimes de l'INAVEM se sont rencontrés à Grenoble le 16 juin pour participer à l'assemblée générale de la Fédération, les 17 et 18 juin 2010 pour débattre du sujet prévu au programme, à savoir "les politiques territoriales d'aide aux victimes". En ces temps de disettes budgétaires annoncées, nationales et territoriales, le sujet a revêtu une importance toute particulière.
Organisatrices des Assises, les équipes de l'Association "Aide Information aux Victimes" (AIV) de Grenoble présidée par Luc Barret ont mis toutes les chances de leur côté pour les réussir. D'une part au CHU de Grenoble pour l'assemblée générale et au centre des Congrès World Trade Center de la ville pour les Assises proprement dites.
Au premier rang de l'auditorium à l'ouverture des débats, un parterre de personnalités du monde régional de la justice, à la tribune Hubert Bonin président de l'INAVEM et Luc Barret président de l'AIV qui tous deux ont exprimé leur satisfaction de pouvoir accueillir autant de personnalités et de délégués, leur souhaitant à tous un très bon congrès. A la tribune aussi, Christine Crifo vice-présidente du Conseil général de l'Isère, Michel Destot député-maire de Grenoble, Albert Dupuy préfet de l'Isère et Didier Leschi responsable du Service de l'accès au droit et à la justice et de l'aide aux victimes (SADJAV) représentant Mme Alliot-Marie garde des Sceaux prévue au programme mais empêchée.
Michel Destot député-maire de Grenoble a qualifié sa ville de "terre de résistance, d'innovation et d'accueil" en rappelant entre autre que Grenoble est composée d'une "société aux couleurs du monde". Il a salué les acteurs de l'AIV et le choix du thème des Assises "qui correspond aussi à ce que nous voulons faire" soulignant par ailleurs que "l'aide aux victimes est indispensable" et qu'il convenait "de mettre l'homme au coeur de la solidarité". En évoquant la tragédie du Drac, il a conclu que les collectivités doivent partager l'aide aux victimes.
De son côté, Christine Crifo vice-présidente du Conseil général de l'Isère a souligné que le thème des assises était important pour le Conseil général qui a pris en compte le travail de l'AIV. "La prise en charge des victimes est une question de citoyenneté" a-t-elle dit, rappelant le partenariat ancien avec l'AIV et évoquant le Service d'aide aux victimes d'urgence" (SAVU) " qui s'inscrit dans nos politiques".
S'adressant à Didier Leschi, Hubert Bonin président de l'INAVEM a tenu à souligner que le choix de Grenoble ne tenait pas du hasard avant de rappeler que pour l'INAVEM qui a une place particulière et essentielle, il s'agit de solidarité humaine, que des élus se sont engagés et que les équipes salariées sont particulièrement performantes. "La France est dans le peloton de tête dans cette matière" a-t-il dit tout en rappelant en quelques phrases l'histoire de l'INAVEM et le rôle de Robert Badinter ancien garde des Sceaux.
S'adressant directement à Mme Alliot-Marie garde des Sceaux à travers Didier Leschi, Hubert Bonin, s'il a souligné les contacts permanents avec la Chancellerie, ministère de référence - et non de tutelle-, il a également évoqué le 08VICTIMES, les 13 bureaux expérimentaux dans les tribunaux et la mutualisation des services. Mais a-t-il encore martelé "nous sommes aujourd'hui à un tournant pour un mode de financement pérenne, 11 millions d'euros ne suffisent pas, il en faudrait 40. Au Canada par exemple, une petite fraction des amendes revient à l'aide aux Victimes".
Le sourire discret de Didier Leschi directeur du SADJAV voulait-il dire "je vous ai entendu" ? En tout cas, assistant pour la troisième fois aux Assises, il ne s'est pas démonté pour autant. Lui aussi souligne que "l'aide aux victimes est un devoir pour notre société (...) les subventions ont considérablement augmenté (...) les finances publiques sont mises à rude épreuve (...) il faut développer le bénévolat (...) et le droit des victimes figurera dans le prochain Code civil". Evoquant encore les deux accidents Vol AF 447 Rio-Paris et Yemenia, il a remercié les équipes en général et celles de l'INAVEM en particulier avec à leur tête Sabrina Bellucci directrice de l'INAVEM pour leur engagement.
Albert Dupuy préfet de l'Isère au titre de représentant du garde des Sceaux a quant à lui évoqué trois devoirs. A savoir
1) le devoir de l'Etat de réduire le nombre de victimes -moins 19 % soit 16.000 victimes épargnées-,
2) le devoir de l'Etat d'arrêter les auteurs des crimes et délits quelles que soient les difficultés - de 22 à 34 % d'élucidations-
3) le devoir de l'Etat de mieux prendre en compte les victimes.
"Cela nous concerne tous, il faut travailler dans la complémentarité, l'objectif national étant la cohésion sociale" a-t-il dit en conclusion.
ROLE DE L'ETAT, IMPACT DE LA REPARATION SOCIALE, POLITIQUE DE LA VILLE
Philippe de Lagune, préfet et responsable du Comité interministériel de prévention de la délinquance (CIPD) s'est employé à expliquer le rôle de l'Etat puisque qui dit délits, dit victimes. Or de 4.100.000 infractions on est tombé à 3.500.000 donc selon lui 600.000 victimes en moins. D'autre part il a également souligné qu'un fonds interministériel de 170 ME (millions d'euros) avait été créé sur quatre ans dont 96 ME consacrés à des actions de prévention humaines. En 2010, 50 ME étaient disponibles pour le Fonds Interministériel de prévention de la Délinquance (FIPD) dont 20 ME pour le domaine associatif et pour les victimes 6 à 7 ME par an. Il a évoqué la création de 50 bureaux d'aide aux victimes dans les tribunaux dont 13 existent déjà à titre expérimental.
Laurent Bègue, universitaire et chercheur en psychologie sociale avait à présenter l'impact de la réparation sociale sur la réinsertion de la victime. Il a listé plusieurs facteurs dont celui des réponses incomplètes de la justice d'où l'insatisfaction de nombreuses victimes. En faisant état de plusieurs recherches dont celle de A. Marlatt, Laurent Bègue a souligné la différence entre justice traditionnelle et justice réparatrice, insistant sur le fait que la médiation, demandée à 91 % avait une grande importance.
Quant à Eric Lenoir, directeur de la prévention de la délinquance et de la citoyenneté de l'Agence nationale pour la Cohésion sociale et l'Egalité des chances (ACSE), il a évoqué la loi du 5 mars 2007 pour souligner la pluridisciplinarité de l'accompagnement de la victime. Lui aussi a fait état des 50 bureaux et de la territorialisation de l'aide aux victimes, les enquêtes de victimation, la sur-victimisation dans certains secteurs. Enfin il a parlé des 4 ME de crédits ville, des intervenants dans les commissariats avec 40 postes en plus, des besoins sociaux et des initiatives des villes. Les actions financées concernent selon lui les permanences dans les gendarmeries, les commissariats, les hôpitaux, les mairies et les équipements de proximité, les actions en direction des aînés notamment. Il a indiqué d'autre part la nécessité de montages financiers pérennes et s'est interrogé comment construire l'aide aux victimes ? Par le biais de la formation, des évaluations avec en corollaire, de savoir avec quels outils pour en mesurer les effets dans le temps.
Le débat avec la salle, conduit par Claude Lienhard président fondateur de l'INAVEM et Patrick Colin sociologue fut très animé avec des interventions musclées pour certains. Dont celle particulièrement sèche d'Yves Contreras conseiller communautaire délégué à la prévention de Grenoble Alpes Métropole qui ne l'a pas envoyé dire aux représentants de l'Etat: "je ne crois pas un mot de ce qui a été dit à la tribune". Il a été question de la contraction des budgets dans tous les domaines. Hubert Bonin qui reçoit récriminations et doléances du réseau à ce propos s'est interrogé quant à lui de savoir comment mettre en place une coordination nationale pour un dispositif permanent et pérenne. "On a l'impression de toujours tendre la sébille. Et si demain on ferme ? Où est l'égalité des citoyens" a-t-il dit en conclusion. Des autres interventions on peut encore retenir le sentiment d'épuisement des acteurs de l'aide aux victimes et le sentiment récurrent d'un travail de Sisyphe. Le préfet de Lagune n'a pu en conclusion que souligner le dévouement des acteurs de cette aide aux victimes.
RELATIONS ENTRE ASSOCIATIONS D'AIDE AUX VICTIMES ET PREFECTURES ET/OU COLLECTIVITES LOCALES
Sous forme de cercle de discussion, ce sujet fut abordé d'abord par Frantz Denat (à droite sur la photo), chargé de mission politique de la ville, prévention délinquance à la préfecture de l'Hérault. Le témoignage d'un homme du terrain qui a rappelé quelques dates en soulignant avec humour toutefois que "la justice est mauvaise mère nourricière". Il a évoqué les Contrats Locaux de Sécurité (CLS), la prévention mise en place par les Contrats Urbains de Cohésion Sociale (CUCS). "Il y a énormément de micro-actions mais les strates s'empilent, les réponses aussi" a-t-il souligné. Lui aussi trouve qu'en France, on a beaucoup de mal à évaluer les actions.
Jean-Guy Chauderon, directeur de l'AVMP 32 (Gers) homme de terrain lui aussi parle des missions sans argent, de l'information des victimes, des victimes indirectes, évoque encore la fiche de liaison et le partenariat avec les sapeurs-pompiers et notamment la permanence aux urgences.
Patrice Baro, psychologue de la Cellule d'Urgence Médico Psychologique (CUMP) de l'Isère s'est attaché à expliquer le fonctionnement d'une CUMP, un réseau créé à partir de 1995 implanté dans les SAMU pour dispenser une aide spécialisée notamment lors de catastrophes ou d'évènements graves. "Cela exige une mobilisation rapide en liaison avec l'aide aux victimes mais les psys ne sont pas les seuls à porter les maux de la société " a-t-il dit en conclusion.
Joséphine Kudin déléguée départementale aux droit des femmes et à l'égalité de l'Isère a pour sa part fait un large tour d'horizon du sujet. Mission de veille permanente sous l'autorité du directeur départemental, mise en oeuvre des politiques gouvernementales, appui technique, favoriser l'égalité dans la vie professionnelle, lutter contre les stéréotypes, faciliter l'insertion des femmes, promouvoir le droit des femmes tout comme la parité. Quant aux femmes victimes de violences, Joséphine Kudin explique qu'il existe un annuaire départemental de tous les acteurs s'occupant de ce sujet. Elle a en outre souligné l'efficacité des services d'aide aux victimes.
Le débat qui s'est instauré s'est focalisé sur la violence envers les personnes handicapées, l'intervenante souhaitant "une sensibilisation de tous, des efforts à faire partout". A la question des partenariats entre les associations et les services officiels posée par une représentante du Lyonnais, la réponse fut une explication sémantique doublée d'humour : " le partenariat ? Ce sont ceux qui se partagent le butin". Il a aussi été question de la violence faite aux hommes et pour conclure ce cercle de discussion, Hubert Bonin a demandé comment se déclinait le partenariat avec l'AIV ?
ASSOCIATIONS D'AIDE AUX VICTIMES ET AUTRES ACTEURS LOCAUX DE L'AIDE AUX VICTIMES
Avec Isabelle Decosterd directrice de l'ASVAD 18, le second cercle de discussion est entré dans une phase "technique" avec notamment les explications du multipartenariat entrepris dans la Charente et surtout, une batterie de conventionnement mise en place assurant d'une part la légitimité du service mais aussi des financements. Un schéma projeté a permis à tous de mieux cerner la démarche de l'ASVAD 18.
Quant à Jacqueline Robert, présidente d'ALMA 38, son propos portait sur la relation entre généralistes et spécialistes sur un thème qui deviendra à n'en pas douter un must dans l'avenir, à savoir la maltraitance des "vieux". Petite association, ALMA 38 compte beaucoup de bénévoles avec comme objectif l'écoute et la recherche de solutions. "Au téléphone souligne Jacqueline Robert, un quart des appels provient des personnes âgées, trois quarts des personnes aidantes, mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg."
Michel Benichou avocat, ancien président de la conférence des bâtonniers, président de la fédération des Barreaux d'Europe, la moustache conquérante s'est interrogé non sans humour: "nos rôles sont complémentaires, nous travaillons ensemble mais travaillons-nous assez ensemble? Où en sont les conventions cinq ans plus tard? Il n'y a plus rien à ce niveau là.". Et de préciser que certains barreaux ont une forte activité tandis que d'autres non, qu'il y a souvent discontinuité dans l'action. Il conseille à tous de prendre contact immédiatement avec le nouveau bâtonnier. "Nous avons les mêmes préoccupations, l'aide juridictionnelle est en baisse et va subir des difficultés importantes, notamment à cause de l'arrêt de la Cour de justice européenne supprimant la TVA à 5 % pour un retour à un taux de 19,6 % ». Il a encore évoqué le programme de Stockholm qui engage l'Union Européenne entre 2010 et 2015 et le portail e-justice, un outil supplémentaire pour les avocats et les AAV, se réjouissant toutefois qu'un commissaire européen est désormais uniquement dédié à la justice.
Virginie Scolan, médecin légiste au CHU de Grenoble a donné pour sa part une définition de la victime, différente selon les cas mais elle a aussi souligné les différentes attentes de la victime ainsi que le rôle du médecin légiste, véritable tour d'horizon sur le métier, en insistant sur l'organisation d'un service de médecine légale, la prise en charge médicale liée à l'information des victimes.
Lors du débat, il a été question d'une expérience suisse d'un médiateur de santé financé par le canton (Suisse), l'accès au droit des personnes âgées dans certains départements, les classements sans suite dont c'est à l'institution judiciaire de donner l'information et non aux AAV.
L'INTERVENTION LOCALE AUTOUR DE LA VICTIME
Dernier cercle de discussion de la journée avec Sabrina Bellucci directrice de l'INAVEM sur le thème de la proactivité. Une démarche ayant une fonction symbolique importante qui est aussi "un regard d'humanité à travers cette pratique innovante" a-t-elle dit. "Aujourd'hui on nous en demande toujours plus, pour accompagner, il faut exister. Une enquête a démontré que seulement 28 % des victimes s'adressent à des SAV (...), la proactivité c'est se poser la question dans notre action, faut-il aller vers les victimes ? Etre intrusif ? Surement pas mais suivre les personnes, réitérer l'offre de service, aller au devant des victimes dans le long-terme. Il faut ramener la victime au centre de notre action, la proactivité doit être une attitude naturelle des partenaires" et pour conclure Sabrina Bellucci a exhorté ses collègues du réseau: "nous avons à travailler cette dynamique".
Pierre Mercier directeur Le Mas 69 s'est interrogé lui aussi " que faire en tant qu'association ? Agir ? Réagir ? Proagir ? Nous avons à forger des diagnostics engagés, à retrouver une créativité fondatrice, à inventer des nouveaux concepts. Il faut penser à des multiprises, utiliser les compétences. Avec quatre associations à Lyon, faut-il fusionner ? " A ses yeux, ce ne serait pas la seule solution. "Mais attention aux logiques d'appauvrissement...".
Avec Martine Guionet, directrice adjointe de l'association laïque du Prado en Gironde, l'assemblée a eu droit à "du lourd". 750 salariés intervenant dans plusieurs secteurs dont celui de l'aide aux victimes créé en 1983 et un SAVU en 2003. Cette grande structure couvre tout le département et a créé notamment des ateliers de pratiques citoyennes, pour faire de la prévention. Le Prado a également repris un service mis en redressement judiciaire. Pour Martine Guionet, le SAV a toute sa place dans la structure très importante qu'est le Prado surtout du fait des contraintes budgétaires à venir.
Venue du Québec, Arlène Gaudreault de l'association " Plaidoyer Victime" de Montréal avait à présenter la mission de coopération internationale. D'entrée elle a souligné qu'en comparant ce qui se fait, elle a trouvé plus de similitudes que de différences entre les systèmes québecqois et français. "Ce sont les réseaux féministes qui ont "pavé" la voie mais les victimes n'ont pas de place dans le système judiciaire québecquois". "Nous aussi avons des problèmes de financement (...), depuis 1995 il existe des plans d'action avec des engagements précis (...), la professionnalisation est aussi en marche chez nous, il y a de moins en moins de bénévoles (...) le phénomène de syndicalisation prend de l'ampleur, les jeunes semblent être moins engagés, il y a compétition entre les organismes, moins de transparence, plus de méfiance et in fine, la victime devient "une clientèle", on l'instrumentalise et les SAV sont utilisés par les partenaires". Un constat sans concession pour cette bénévole québecquoise et son délicieux accent de la "Belle province".
REGARD ET ROLE DE L'INSTITUTION JUDICIAIRE SUR LA MISE EN OEUVRE TERRITORIALE DES POLITIQUES D'AIDE AUX VICTIMES
Vendredi 18 juin, toujours au centre des congrès WTC, nouveau rendez-vous pour une nouvelle matinée studieuse. Cette fois sur le thème du " regard et rôle de l'institution judiciaire sur la mise en oeuvre territoriale des politiques d'aide aux victimes.
Aux manettes, Pierre Albert avocat, vice-président de l'AIV Grenoble. Avec à ses côtés Hubert Bonin pour introduire le débat portant sur la "promotion du vivre ensemble" expliquée par Lela Bencharif (à gauche sur la photo) vice-présidente du Conseil régional représentant Jean-Jack Queyranne président de la Région Rhône-Alpes.
Après lecture du discours qu'elle aurait dû présenter la veille, Lela Bencharif fait référence à "la victime, objet social complexe". Elle souligne d'emblée que le Conseil régional a à coeur de soutenir les associations pour une éducation à la citoyenneté qui participe à la prévention de la délinquance. Elle souligne également que la politique régionale ne doit pas se réduire à un saupoudrage et se veut cohérente notamment au travers des Contrats Urbains de Cohésion Sociale (CUCS).
Marie-Christine Leroy conseiller à la Cour d'appel d'Aix-en-Provence qui -et ce n'est pas anondin- fut aussi un rouage important de l'aide aux victimes à la Chancellerie a rappelé le rôle éminent de Hubert Dubedout ancien maire et père du développement de Grenoble. Elle a aussi rappelé que l'aide aux victimes est l'affaire de tous mais en premier lieu l'affaire des collectivités locales, même si le ministère en est porteur. " Il y a un lien entre l'aide aux victimes et la prévention de la délinquance, les associations se battent au quotidien mais il y a lieu de faire du sur mesure dans l'aide aux victimes". Cependant a-t-elle poursuivi, " l'existence d'une convention n'est pas une garantie (financière ndlr), (...), les Cours d'appel sont importantes du fait de leur bassin de victimation. Mais il y a cloisonnement d'une Cour d'appel à l'autre ce qui rend les comparaisons difficiles entre les zones urbaines et rurales. En région PACA (Provence-Alpes-Côte d'Azur) il existe une convention portant sur trois axes: accès au droit et à la justice, garantir l'aide aux victimes, soutenir la parentalité. Mais cela laisse la possibilité de co-construire à tous et département par département. Et cela permet de relancer la dynamique dans certains endroits. » En conclusion d'une intervention très fournie et documentée, Marie-Christine Leroy a dit sans ambages que "les associations d'aide aux victimes doivent travailler en coopération et non en compétition".
Lors du débat consécutif Pierre Albert observe qu'il n'y a pas encore de stabilisation de l'aide aux victimes et demande si l'expérience de la région PACA est exportable ? Ce à quoi Lela Bencharif rétorque que "pas folle (sic), nous sommes en période de restriction budgétaires"! Une déléguée du Vaucluse souhaite pour sa part que la Région Rhône-Alpes invite les services d'aide aux victimes "comme en PACA"; Hubert Bonin souhaite "la mise en cohérence des politiques, la pérennité des financements pour assurer l'égalité des traitements des citoyens" et lance un cri d'alarme (de loin pas le premier...ndlr) "nous sommes dans une situation précaire, nous sommes au bord du gouffre, 65 associations se trouvent en situation difficile à ce jour...".
LES SERVICES D'AIDE AUX VICTIMES DANS L'URGENCE: UN MODELE DE PARTENARIAT ?
Dernière table ronde, animée cette fois par Serges Bruneau du Centre international pour la prévention de la criminalité au Québec, qui en lançant le débat, se demande pourquoi un dispositif fonctionne ou ne fonctionne pas ? Et soutient qu'on en revient toujours à l'évaluation pour le savoir.
Jean-Marc Noirault chargé de mission pour la politique de la ville de Grenoble Alpes Métropole parle des Assises des politiques de la ville tenues avec tout le monde, l'aide aux victimes s'inscrivant également dans cette politique et souligne "qu'on a tous besoin les uns des autres".
Yves Contreras conseiller communautaire, délégué à la Prévention de la même structure évoque le SAVU, un partenariat qui suppose "engagement, loyauté, franchise et moyens" mais il souligne par ailleurs que "l'Etat botte le plus souvent en touche". L'aide aux victimes est un choix politique dit-il "mais la pérennisation du SAVU est liée à son financement".
Autre point de vue, celui de Laurence Herbé, actuelle directrice de SOS Victimes 78 et ancienne salariée de l'AAV de Mulhouse, dont le SAVU fut les premières expérimentations. Elle préconise de se faire connaître des partenaires, de faire des réunions de présentation et de rester toujours en contact avec les professionnels notamment grâce au journal trimestriel du service d'urgence DIMAVI. Elle a cette jolie phrase "nous sommes les Mac Gyver de l'aide aux victimes à toujours inventer de nouvelles solutions" ! Et de souligner que dans le 78, l'aide aux victimes fait partie des murs.
Olivier Rothé, procureur de la République d'Aix-en-Provence expose l'expérience aixoise et tarasconaise mais précise bien que c'est le procureur de la République qui conduit la politique pénale qui doit être globale, en amont et en aval de la réponse. La restauration de la loi et la restitution du droit sont son credo. Tout en menant une politique partenariale dit-il en faisant référence à des cercles concentriques. Et de rappeler que le SAVU de son ressort a enregistré 400 interventions depuis 2007.
Michel Ferrier, président de Solidarité Femmes de l'Isère, chef d'entreprise par ailleurs, parle des gros soucis financiers de sa structure, de la complexité et de la multiplicité des personnes qui s'occupent de la politique de la ville, des dépenses importantes d'énergie, de ses craintes en matière de restrictions budgétaires et estime que le partenariat doit être basé sur des règles claires.
Lors d'un échange avec la salle, il a été question du SAVI (Service d'Aide aux Victimes Immédiat) de Bourgoin-Jallieu fonctionnant 24h sur 24 avec quatre salariés d'astreinte et pour corollaire son financement. Marie-Christine Leroy souligne qu'en ce qui concerne les SAVU, il y a des différences dans la forme. Les premiers SAVU, en 2002, émanent d'une initiative de Jean-Louis Borloo ministre et non de la Chancellerie. La représentante de ACSE explique que "les six premiers SAVU ont bénéficié de 800.000 euros mais que se pose depuis la question de leur financement".
AIDE AUX VICTIMES ET POLITIQUE DE LA VILLE: VISIONS ET ATTENTES D'ELUS ?
"IL EST TEMPS DE LARGUER LES AMARRES..."
Délégué général du Forum Français de la Sécurité Urbaine, Michel Marcus dernier intervenant des Assises s'est employé à secouer le cocotier grâce à une série de phrases choc. Il a rappelé le souvenir de Gilbert Bonnemaison "qui a mis en oeuvre des outils (...). Il faudrait se resituer dans un cadre européen (...), nous sommes dans un tourbillon institutionnel, il faut s'accrocher aux branches." Tout en s'interrogeant : "comment sortir de cette crise alors que le Sénat vient de supprimer le FIPD ?" Il a relevé le "flou institutionnel et la confusion extraordinaire : qui fait quoi ?" Des propos presqu'iconoclastes et critiques prenant toute sa force dans la dimension même de l'orateur. "Tout le monde attend les rendez-vous budgétaires, il est temps de larguer les amarres" a-t-il encore dit. "Ca bouge dans les villes à partir de la répartition future des missions, notamment à propos du gros débat concernant les missions de la police municipale. Il faut arrêter de parler de victimes mais de médiation (...), vous devez devenir l'outil de la santé civile, ce qui demande la création de nouveaux outils (...) il faut changer, s'ouvrir à des nouveaux modes d'action, faire de la prévention". Michel Marcus assène tout cela à un public conquis en concluant : "mettons-nous ensemble, ouvrons-nous sur d'autres partenaires, faisons une plate-forme de service d'intérêt général, oui, largons les amarres !".
"L'ANNEE PROCHAINE A AGEN ..."
Dernier acte, la clotûre des Assises par Hubert Bonin, président de l'INAVEM. Avec un grand merci aux organisateurs de l'AIV Grenoble: Luc Barret président, Daniel Jullion directeur, toutes les équipes engagées dans le bon déroulement des Assises, y compris la qualité et la diversité des intervenants.
"Depuis cinq années je me suis efforcé de renforcer l'INAVEM et son réseau de plus de 150 associations et avec tous nos partenaires de porter un message politique fort. Nous avons essayé de profiter de ces Assises pour assurer la politique d'aide aux victimes (...), notre conviction est toujours d'être dans la réflexion et l'action".
Constat lapidaire : "Nous devions avoir la visite du garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie et de la secrétaire d'Etat Fadela Amara. Dommage qu'elles ne soient pas venues." Hubert Bonin a en outre souligné le très bel engagement de la région PACA, regrettant par ailleurs que bien d'autres ne s'engagent pas. Et il a mis en exergue "la solidarité au niveau du réseau. Ce fut un très beau congrès, une très belle assemblée générale. Je vous donne rendez-vous les 23 et 24 juin à Agen et le 11 décembre 2010 pour la deuxième journée des présidents"! Tout était dit sous les applaudissements de l'assistance.. Il ne restait plus qu'à réaliser la photo de famille des équipes qui ont bien mérité cela.