Le ministère de la Justice avait décidé de limiter le temps d’écoute des victimes sur la plateforme gouvernementale 116 006, numéro d’écoute pour toutes les victimes, notamment victimes d’attentats, de violences intrafamiliales (incestes, violences conjugales…), de violences faites aux femmes, alors même que le Président de la République a décrété la lutte contre les violences faites aux femmes « grande cause nationale du quinquennat ».
Le garde des Sceaux a rapidement décidé de supprimer cette notion de limitation du temps d'écoute, indiquant bien que l'objectif était de permettre à un maximum de victimes d'avoir accès au service. La fédération France Victimes a donc déposé une réponse à l'appel d'offre en ce sens.
Des négociations sont maintenant en cours entre la Fédération et le service des marchés du ministère de la Justice. Elles devraient aboutir avant le 31 octobre 2021, date d'échéance du précédent marché public.
Nous avons réuni les membres du Collectif afin de l'interroger sur la continuation de ce Collectif, et la grand majorité a souhaité poursuivre les échanges. La mobilisation autour de l'écoute des victimes, et puis plus largement autour de cette question fondamentale de l'aide aux personnes victimes fera l'objet d'une rencontre entre les membres à Paris pour déterminer les bases communes de réflexion et d'éventuelles futures mobilisations.
Les raisons de la mobilisation initiale
Face à cette limitation, qui est en totale contradiction avec le droit des victimes, la fédération France Victimes, en charge actuellement de ce numéro, lance aujourd’hui, avec les 130 associations locales d’aide aux victimes ainsi que des associations de victimes, le "Collectif France Victimes pour l’écoute des victimes" pour demander la suppression de la limitation du temps d’écoute des victimes.
Pour le Collectif, l’écoute des victimes est le cœur de notre humanité et la base de tout accompagnement. Les victimes doivent avoir le droit et le temps de partager et de s’exprimer sur les violences qu’elles subissent afin d’être prises en charge au mieux.
En voulant dans son appel d’offres public limiter le temps d’écoute des victimes, la justice française tourne le dos aux centaines de milliers de victimes. Accidents, viols, attentats, maltraitances, harcèlements.... Pas plus de 6 minutes !
En Europe, la France a été la première à construire un droit des victimes. Aujourd’hui, alors que la France prendra la présidence du Conseil de l’Union européenne, c’est l’Europe qui donne une leçon à la France.
L’organisation européenne Victim Support Europe, ainsi qu’une quinzaine d’associations européennes d’aide aux victimes, ont écrit au Président de la République Emmanuel Macron afin de l’alerter sur cette limitation, qui va à l’encontre du droit européen des victimes.
* Illustration Catherine Bertrand