Le 10 juin dernier, les psychologues ont manifesté un peu partout en France. Mobilisés sans discontinuer pendant la crise sanitaire, afin de répondre présents face à la souffrance et l'isolement de la population, ils déplorent aujourd'hui un manque de reconnaissance de leur statut et s'inquiètent pour l'évolution de la santé mentale en France.
Les dernières mesures proposées par le gouvernement, tels que « les chèques psy » pour les étudiants, le dispositif PsyEnfantAdo (soutien psychologique d'urgence pour répondre aux conséquences de la crise sanitaire), le remboursement des psychothérapies en libéral par l'Assurance Maladie (selon le rapport de la Cour des Comptes 16 février 2021)..., questionnent en effet beaucoup la profession.
L'ensemble des psychologues est très favorable au remboursement de la prise en charge psychologique pour les patients, mais refuse les modalités proposées de mise en œuvre, en particulier l'obligation d'une prescription médicale (par un médecin traitant), permettant l'accès au soutien psychologique chez un psychologue.
Cela témoignerait en effet de la para-médicalisation d'une profession qui n'appartient pas au monde médical. Ce serait également une perte d'autonomie du psychologue, le médecin déterminant le protocole de soin psychique à mettre en place, ainsi que les outils utilisés. Surtout, ces allers-retours entre le médecin et le psychologue rendront plus lourd le parcours de soin du patient. Le psychologue devrait par ailleurs fournir un compte rendu au médecin pour justifier cette « permission » d'entretiens, ce qui pourrait dès lors mettre à mal la confidentialité des échanges.
De plus, les professionnels relèvent l'inégalité d'accès à la prise en charge psychologique, car avec les critères existants, seront exclus des patients selon leur âge ou leurs symptômes. Pour les patients qui seront éligibles à cette prise en charge, ils devront se limiter à 10 séances maximum, dans une limite temporelle non adaptée. Enfin, les psychologues s'inquiètent du faible taux de remboursement par l'Assurance Maladie, en inadéquation avec la réalité financière des charges des psychologues en libéral.
Les psychologues souhaiteraient être force de propositions et co-construire avec les instances gouvernementales des projets répondant aux logiques de terrain.
La victime doit rester au cœur des préoccupations et ne pas subir le poids de réformes qui pourraient faire craindre un alourdissement de son parcours d'accompagnement psychologique au sein du réseau France Victimes et en dehors.
Sous le prisme de l'aide aux victimes, la fédération France Victimes sera vigilante quant à l'impact éventuel de ces mesures pour les psychologues exerçant dans les Associations d'Aide aux Victimes du Réseau : s'il y a un progrès de principe sur le remboursement des séances auprès d'un psychologue libéral, quid en revanche de la complexité d'un parcours qui imposera d'abord une consultation chez un médecin généraliste en cas d'orientation par l'association France Victimes vers des psychologues en libéral. De même en cas de généralisation des modalités d'entretien (confidentialité mise à mal, protocole de prise en charge imposée, nombre de séance maximal, temps d'entretien limité...), que restera-t-il du libre arbitre du psychologue de l'aide aux victimes pour assurer sa mission et réaliser un travail thérapeutique efficient.
La victime doit rester au cœur des préoccupations et ne pas subir le poids de réformes qui pourraient faire craindre un alourdissement de son parcours de soin au sein du réseau France Victimes et en dehors.